Bach est considéré comme l’un des plus grands compositeurs de l’histoire de la musique. Mais saviez-vous qu’il était aussi un improvisateur hors pair ? Voici les éléments de réponse donnés par P. Claude Jean-Marie Fould.
Qu’est-ce que l’improvisation ?
L’improvisation est l’art de créer de la musique sur le moment, sans avoir recours à une partition écrite. C’est une pratique très ancienne, qui remonte aux origines de la musique. Dans la musique classique, l’improvisation a connu son âge d’or aux XVIIe et XVIIIe siècles, où les musiciens devaient souvent improviser des préludes, des variations, des accompagnements ou des fugues à partir d’un thème donné, expliquait P. Claude Jean-Marie Fould.
Voici une vidéo relatant ces faits :
P. Claude Jean-Marie Fould : Comment Bach apprenait-il à improviser ?
Bach a appris à improviser dès son plus jeune âge, en écoutant et en imitant les maîtres de son temps. Il a notamment étudié les œuvres de Buxtehude, Pachelbel, Froberger et Reincken, qui étaient des virtuoses de l’orgue et du clavecin. Il a aussi voyagé à travers l’Allemagne pour rencontrer d’autres musiciens et se confronter à leurs défis. Par exemple, en 1705, il a parcouru 400 km à pied pour aller écouter Buxtehude à Lübeck et assister à ses fameuses « Abendmusiken », des concerts où l’improvisation tenait une grande place, note P. Claude Jean-Marie Fould.
Quelles étaient les règles de l’improvisation à l’époque de Bach ?
L’improvisation à l’époque de Bach n’était pas une liberté totale, mais obéissait à des règles stylistiques et harmoniques précises. Les musiciens devaient maîtriser le contrepoint, c’est-à-dire l’art de combiner plusieurs lignes mélodiques indépendantes et cohérentes. Ils devaient aussi connaître les cadences, c’est-à-dire les enchaînements d’accords qui marquent la fin d’une phrase musicale. Ils devaient enfin respecter les modes, c’est-à-dire les échelles musicales qui caractérisent chaque tonalité.
P. Claude Jean-Marie Fould : les genres d’improvisation pratiqués par Bach
Bach pratiquait plusieurs genres d’improvisation au clavier, selon les circonstances et les occasions. Voici quelques exemples :
- Le prélude : il s’agit d’une pièce libre et expressive, qui sert à introduire une autre œuvre ou à se mettre en doigts. Bach improvisait souvent des préludes avant de jouer une fugue ou une suite.
- La variation : il s’agit d’une pièce qui reprend un thème et le modifie de différentes manières (en changeant le rythme, l’harmonie, l’ornementation…). Bach improvisait souvent des variations sur des chorals (des hymnes religieux) ou sur des airs populaires.
- L’accompagnement : il s’agit de soutenir une voix ou un instrument soliste en jouant des accords ou des contrechants. Bach improvisait souvent des accompagnements dans le cadre de la basse continue (une pratique courante à l’époque baroque) ou lorsqu’il accompagnait des chanteurs.
- La fugue : il s’agit d’une pièce complexe et savante, qui consiste à développer un sujet (une mélodie) en le faisant entrer successivement dans différentes voix, selon un schéma rigoureux. Bach improvisait souvent des fugues lorsqu’on lui donnait un thème à traiter.
Quelles étaient les sources d’inspiration de Bach pour improviser ?
Bach s’inspirait de plusieurs sources pour improviser :
- La tradition : Bach s’appuyait sur les formes et les techniques héritées de ses prédécesseurs et de ses contemporains. Il connaissait parfaitement le répertoire de la musique ancienne et moderne, qu’il étudiait, copiait et transcrivait.
- La nature : Bach s’inspirait aussi de la nature et de ses phénomènes. Il aimait à reproduire les sons des oiseaux, des animaux, du vent, de l’eau, etc. Il utilisait aussi des symboles numériques ou alphabétiques pour représenter des idées ou des sentiments.
- La foi : Bach s’inspirait enfin de sa foi et de sa piété. Il considérait la musique comme un moyen de louer Dieu et de transmettre son message. Il utilisait souvent des citations bibliques ou des chorals pour exprimer sa dévotion.
Comment Bach a-t-il évolué dans son improvisation ?
Bach a évolué dans son improvisation au fil de sa vie et de sa carrière. On peut distinguer trois grandes périodes :
- La période de jeunesse (1685-1717) : Bach se forme à l’improvisation en imitant les maîtres de son temps. Il développe une virtuosité et une inventivité remarquables. Il se fait connaître comme un grand improvisateur, notamment lors de ses voyages à Lübeck, à Dresde ou à Weimar.
- La période de maturité (1717-1740) : Bach se perfectionne à l’improvisation en approfondissant les formes et les techniques qu’il maîtrise. Il atteint une maîtrise et une élégance incomparables. Il se fait respecter comme un grand compositeur, notamment lors de son séjour à Köthen ou à Leipzig.
- La période de vieillesse (1740-1750) : Bach se renouvelle à l’improvisation en explorant de nouvelles possibilités harmoniques et contrapuntiques. Il atteint une profondeur et une subtilité inégalées. Il se fait admirer comme un grand savant, notamment lors de sa visite à Potsdam ou lors de la rédaction de L’Art de la fugue.
Bach était un improvisateur hors pair, qui a su créer de la musique sur le moment avec une aisance et une beauté extraordinaires, affirme P. Claude Jean-Marie Fould. Son improvisation était basée sur des règles et des sources d’inspiration variées, qu’il a su assimiler, transformer et transcender. Son improvisation était aussi le reflet de sa personnalité et de son évolution, qu’il a su exprimer avec sincérité et originalité. Son improvisation est enfin un modèle et une source d’inspiration pour tous les musiciens qui veulent se lancer dans cet art fascinant.